Graphein 3
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Poésie
Ce serait au milieu de nulle part, à côté de l'océan, dans un ciel couchant. Dans une douceur de mai. Les cris des enfants, à l'étage endormi,les reliefs d'un repas sur une table centenaire.
Une brise légère sur les joues au moment de se dire quelque chose d'important : un amour, un souvenir, un été....quelque chose qui aurait eu lieu dans la maison et qu'on aurait gardé contre son cœur - un instant - une promesse - un lieu qui nous aurait renversé.
Trois fleurs fanées.
Quelques feuilles.
Il bruine
Elle touche le muret de pierres
Comme les enfants pour faire des traces
-la mer à ses pieds dégringole.-
Comme des roses tombant des bouches closes
et sous les pieds le doux des prairies
qui couraient comme des rivières-
ce bruit de fontaine quelque part
quand on se baissait pour ramasser les cerises
-on les mangeaient avec les trous des oiseaux
et les vers à l'intérieur- sans savoir-
C'était bon
Comme ces roses qui coulaient sous la route
quand on soulevait le goudron à mains nues.
A l'intérieur c'était une rondeur aux bords vibrants
quelque chose qui tenait d'une fleur poussée par le vent
ou d'un morceau de dentelle oubliée.
L'imagination, ronde et pleine
tenait la joie comme le vent prend les sourires
-dans un éclat rouge et fulgurant-.
Dans le lit blanc
sous les fenêtres noires
un silence court et bruisse
ça dévale, ça crie
et tu restes là à croiser le fer
avec l’autre jardin.
De l’infini bleu
terre où tu n’es pas allé
- ta main comme une ombre
à démêler ce langage
- densité d’un instant où...
et puis d’un jet de muraille il y a eu la mer
et cette lisière tremblante
ce possible et qui n’atteint pas -
Jamais.
On irait la voir un jour gris
dans son écume blanche.
Nos mains rougies dans les poches sans fin
à ramasser sur les joues les écueils de novembre.
Elle n’aurait pas de bleu où poser sa fatigue
et le corps lent
on ne saurait faire autre chose qu’une empreinte.
C’était un oublieux, du jour, des pluies, des serments , des gestes , des mots. Des instants lumineux.
Il ne gardait rien, laissait tout s’égarer dans le vent ou s’étioler dans un silence souriant.
Et elle , elle était semblable au jour ou aux pluies,
oubliée comme un instant qui passe,
comme un papier qu’on égare et qu’on ne cherche pas.